Gérard Zaoui à propos de l’oeuvre de Paule Tavera Soria

 

Rien ne laisse soupçonner sous l’évidence de ce travail pictural, un long processus de glacis et de ponçages, qui façonnent une peinture épidermique, vibrante et solide à la fois. Son élaboration, très physique, se laisse oublier pour que s’imposent des compositions non figuratives faites de fines pigmentations, de subtiles transparences.

C’est une aventure dangereuse où l’équilibre est le maître-mot; la lumière est là, fragile au risque de sombrer au moindre excès.

Equilibre encore pour porter à l’extrême le conflit entre charme et puissance; où il est question d’absolu, de forces conjuguées du masculin et du féminin, du matériel et du spirituel. Le processus mené avec constance et réflexion, s’est construit sur l’unicité de l’oeuvre avec l’auteur. Reflet des émotions, des doutes, des épreuves du vécu.

« la couleur crée la forme ». Paule Tavera-Soria prend naturellement sa place parmi les enfants du maître, Henri Matisse. Référence proclamée déjà par N. de Staël, ML. Rothko, ou C. Viallat, l’héritage est ici assumé avec un vocabulaire de formes et de compositions renouvelées sans cesse, exigeant et chaleureux.

Offrir à ses contemporains une parole ouverte sur des beautés enfouies, une porte vers une sorte de sérénité, n’est-ce pas là une courageuse ambition ?

Gérard Zaoui
Plasticien et Professeur d’Histoire des Arts.
(Avignon, 2008)